Histoire & Patrimoine

Les Corbières sauvages et vigneronnes

Raccourci historique en quelques dates

 

759

Prise de Narbonne par Pépin le Bref

Les occupants arabes se retirent.
Pépin le Bref laissera derrière lui « un désert d’hommes ».
L’Abbaye de Lagrasse contribuera au repeuplement de la région notamment par l’aide qu’elle apportera aux colons « hispanis » fuyant la pression arabe en Espagne.
La plupart des « hispanis » sont des Wisigoths, ils ont laissé de nombreuses traces tout au long de la vallée de la Berre.

Chapelle Vieille Gléon
Chapelle vieille de Gléon, pré-romane, VIème siècle, succédant à une chapelle wisigothique du Vème siècle.

L’empreinte wisigothique en Narbonnaise

791

Charlemagne, Abbaye de Lagrasse

Le pays se couvre de « cellas » monastiques ou prieurés qui permettront de mettre en valeur jusqu’aux territoires les plus reculés. De nombreux villages des Corbières ont pour origine ces petits prieurés.

Moliet, Mur principal entouré d'arbres

Ruines du prieuré de Moliet , ancienne possession de l’abbaye de Lagrasse, à Padern, sur un sentier menant vers Quéribus

861

Charte Charles le chauve

Donation à son vassal Adromarius des biens de sa juridiction « in villa calcicustello in pago Narbonensis. »
Cette donation est considérée comme la première mention du lieu de Cascastel.
Le même document cite un « villare Pereto », il s’agit possiblement du tènement de Peret où des indices antiques ont été retrouvés.

Monogramme Charles le chauve

Monogramme du roi Charles II le chauve sur un diplôme de 870.

1118

Les fausses bulles de l’Abbaye de Lagrasse.

Ces bulles sont confectionnées au 13ème siècle pour assurer à l’abbaye la possession des fiefs qu’elle détenait en fait depuis leur création. 1118, Bulle du Pape Gélase: l’église Saint Julien et Sainte Basilysse (martyrs espagnols, sanctoral wisigothique) de « calzcastel » appartient à l’Abbaye de Lagrasse.
1119, Bulle du Pape Calixte II, l’église de « Cascastellum » est placée sous la protection du Saint Siège.

Cartulaire Saint Sernin Toulouse

Cartulaire de Saint Sernin de Toulouse (844-1200)

11ème et 12ème siècles

L’église

Elle est de style roman. Son chœur à lésenes ou « bandes lombardes » permet de situer sa construction au 11ème siècle avec ajout d’un clocher au 12ème siècle.
Des chapelles sont ajoutées au fil des siècles abritant les sépultures seigneuriales. La sacristie et la chapelle de la Vierge sont ajoutées au 19ème siècle.
Une restauration importante eut lieu en 1838 ainsi qu’un important remaniement du Presbytère en 1866.
L’église, le presbytère et ses dépendances, ainsi que l’ancien cimetière constituent un bloc distinct du Château et du Fort, autres éléments constitutifs du site médiéval.

église Cascastel

Chœur roman 11ème siècle, clocher 12ème siècle. Campanile 1911.

1163

La tour de Cascastel

Elle date du 12ème siècle. A cette époque, des coseigneurs de Cascastel sont connus (de Castel et de Cascastel), mais ce sont les Abbés de Lagrasse, qui détiennent l’essentiel des droits seigneuriaux sur de Cascastel et de nombreux autres villages, ils demeurent notamment hauts seigneurs justiciers jusqu’au début du 16èmesiècle.
Cette construction particulièrement massive et toujours en bon état de conservation, est comparable à d’autres granges bénédictines érigées dans la région par les abbés de Lagrasse (Ribaute, Rieux en Val) et peut leur être attribuée.
On connait les affectations de la dite tour par des inventaires: En 1562, elle servait à stocker d’importantes quantités de céréales (redevances en nature) dans le « grenier de bas » et le « grenier de haut »; En 1793, ces pièces servaient de chambres pour loger la nombreuse famille Pailhoux.

Tour de Cascastel vers 1920

La tour au début du 20ème siècle.

1349

3 Juin 1349 Charte concédée par l’abbé de Lagrasse à la Communauté des habitants de Cascastel.

Les abbés de Lagrasse concèdent à leurs tenanciers de Cascastel et de nombreux autres lieux ou ils détiennent des droits seigneuriaux, une réduction de la « tasque » sur les olives ainsi que le droit de transmettre les baux dont ils sont bénéficiaires.
Ces concessions interviennent après de fortes intempéries (fin de l’optimum météorologique médiéval) et l’arrivée de la peste en 1348 qui décima en quelques mois, les deux tiers d’une population ruinée par les prélèvement féodaux et affaiblie par la malnutrition.

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L’abbaye de Lagrasse, au premier plan les dortoirs du 13ème siècle.

1390

Charte de la reconstruction du Fort de Cascastel.

Le village médiéval de Cascastel était composé de trois entités bien distinctes.
L’église, ses dépendances, des condamines et des olivettes appartenant à l’abbaye de Lagrasse.
Le château avec sa tour, sa barbacane et les logis seigneuriaux dans une cour entourée de murs fortifiés. L’ensemble était séparé du Fort par des fossés.
Le Fort où se regroupaient les habitants, soit l’actuel quartier du « bureau ».
En 1390, les raids des Aragonais sont nombreux. Les seigneurs possèdent un mur neuf, mais les « antiques » murs du Fort doivent être reconstruits.
Les co-seigneurs, l’abbé de Lagrasse , Raymond de Castel, Sicard de Cascastel et les Syndics de la Communauté de Cascastel sollicitent du roi , le 23 Mars 1390, l’autorisation de reconstruire et agrandir leurs fortifications. Ce qui sera fait en trois ans…

Portail d'eau Cascastel

Au fond, le portail d’eau de 1390.

1643

Premiers registres paroissiaux de Cascastel qui nous sont parvenus.

La famille d’Arse laissera de nombreuses traces dans ces registres, mariages, baptêmes, décès.
Baptême de Guilhaume d’Arse, baron de Castelmaure en 1650, Barthélémy d’Arse (1652), Louise d’Arse (1653).
Décès de François d’Arse, Baron de Castelmaure, et de Marianne d’Arse, en bas âge.
Les d’Arse sont mentionnés comme Seigneurs de Caunes (Minervois) et de Cascastel en 1518.
Leur présence sur les registres paroissiaux atteste qu’ils avaient leur résidence à Cascastel. Le bâtiment de l’actuel château, embelli au 18ème siècle peut leur être en partie attribué.
Henry d’Arse vendit la seigneurie à Gaspard Pailhoux en 1734.
Le premier d’Arse connu est « Hugues des Arcis » qui extermina beaucoup de Cathares et participa notamment au siège et au bûcher de Montségur.
Madeleine d’Arse, était l’épouse de Jean de Régis et la mère de Jean François Régis, Saint Patron des Jésuites. Jean de Regis était le bras armé de l’Archevêque de Narbonne dans les guerres contre la religion réformée.

Blason Arse

Blason de Cascastel inspiré des armes possibles de la famille d’Arse « de gueules, au lion d’or armé et lampassé de même, soutenant un sautoir d’argent ( croix de Saint André)» attestent de leur chevalerie, de leur participation aux croisades, et de leur vocation militaire. Les tours indiquent qu’il s’agit du blason d’une cité.

1734

La famille Pailhoux transforme le Château de Cascastel

Henri d’Arse vend la Seigneurie à Gaspard Pailhoux, Médecin des Etats de Languedoc, dont l’archevêque de Narbonne était le Président né.
Médecin habile, il exerçait aussi à l’hôpital de Narbonne, soignait les gens de toute condition et fut enterré « avec un concours extraordinaire» à Narbonne, en 1735.
C’est sa veuve Marie Thérèse de Ros, déjà veuve auparavant de Gaspard de Gléon, qui va mettre en valeur le château de Cascastel et son cadre qui sera restauré fin 2016.
Le bénéficiaire de ces aménagements, du décor de gypseries, des jardins, du pont et des façades harmonieuses sera son fils Joseph Gaspard Pailhoux, né à Toulouse en 1726.
Il épousera en premières noces, en 1745, Anne d’Adémar de Taura, riche héritière qui mourra en couches.
Il se remariera avec Jeanne Caussat de Castelmaure qui lui donnera sept enfants.
Joseph Gaspard sera chevalier à la Cour des Aides de Montpellier, chambre régionale des comptes, puis Conseiller au Conseil Souverain de Roussillon, toujours avec l’appui des archevêques de Narbonne.
Par la suite, il s’intéressera aux anciennes mines de sa seigneurie, exploitera le fer et l’antimoine.

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Le décor de gypseries du Château de Cascastel.

1779

Les Forges de Padern

En 1779, Joseph Gaspard Pailhoux obtient la concession des mines des Corbières.
En 1780, Jacquette Pailhoux de Cascastel épouse Luc Siméon Auguste Dagobert, Capitaine au Royal Italie.
Joseph Gaspard Pailhoux monte avec Jean Pierre François Duhamel, ingénieur du Roi, et Louis Charles Peltier, négociant, une société d’exploitation des mines et des forges, qui installera au lieu dit l’Iliate au Grau de Padern, des forges qui traiteront le minerai de fer des Corbières.
Joseph Gaspard céda ses parts à son beau fils dès 1782 et continua à exploiter le fer et l’antimoine à Quintillan et la Besole, avec un nouvel associé, le chimiste Jean Antoine Chaptal.
L’activité de forges et des mines de Pailhoux perdura pendant les guerres de la république au cours desquelles Luc Siméon Auguste Dagobert trouva la mort devant Puigcerda.
La ressource en bois et en eau étant rare, l’activité de la forge de Padern n’était pas régulière.

Grau de l'Illiate à Padern

La forge de Padern à l’Iliate
Joseph Gaspard décéda en 1808. Il était alors Maire de Cascastel. Son fils, Martial ,lui succéda comme Maire et viticulteur, mais il rendit les concessions minières en 1811.

1891

Séparation Villeneuve-Cascastel

La commune de Cascastel comprenait jusque là: un village, Cascastel, et une « annexe » Villeneuve.
A la demandes des propriétaires de Villeneuve une procédure de séparation fut entamée. Elle aboutit à une loi de séparation de décembre 1891.
Le fond de l’affaire portait sur des questions pratiques et financières: les équipements et services se situaient majoritairement à Cascastel ou l’on se rendait le plus souvent à pieds, alors que les charges fiscales et d’emprunts étaient également réparties.
Les deux communes furent délimitées et se partagèrent le cadastre réalisé en 1835.
Les vacants communaux demeurèrent indivis et le sont encore. Chaque commune doit donner son accord en cas de transaction portant sur ces terrains communaux qui eurent une grande importance dans le passé.
Jusqu’à la prévalence totale de la vigne au 20ème siècle, les troupeaux d’ovins fournissaient laine et viande et la ressource nécessaire à leur dépaissance était jalousement contrôlée.
Enfin, les minières, exploitations de carrières ou de minerais à ciel ouvert, se situaient sur ce territoire indivis.
La question de la séparation est réglée depuis plus d’un siècle et les deux communes coopèrent,l’école, la station d’épuration commune par exemple, mais une animosité peut resurgir à l’occasion, trace des anciens antagonismes laissée dans l’inconscient collectif.

Un stucateur moderne dans l’East End Londonien:
Mesurez l’impact des Gypseries au 18ème siècle( nôtre château),
dans un monde sans photo, sans vidéo, ni portables!

Guides Bleus Pyrénées, du chemin de fer et de la route, Hachette
Le Guides Bleus Pyrénées Hachette

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